françoise a commencé dès ce temps-là. L’opinion des salons acquit même une telle autorité, que Richelieu voulut la subjuguer, et Mazarin l’acheter. Le salon étoit une forme anticipée de la discussion publique, et chacun y cherchant un appui, appliqua ses soins à s’en rendre maître. Il étoit naturel que les hommes d’État voulussent disposer d’une force aussi active et aussi digne de considération.
Saint-Évremond connoissoit bien les ressorts puissants de la conversation, quand il écrivoit ces paroles : « L’étude est la plus solide nourriture de l’esprit ; c’est la source de ses plus belles lumières. Elle féconde les talents donnés par la nature ; mais c’est la conversation qui les met en œuvre, qui les polit, qui les épure. C’est le grand livre du monde qui apprend le bon usage des autres livres, et qui d’un homme savant peut faire un honnête homme. » L’on a donc vu les esprits ingénieux de ce temps étudier, analyser les qualités que doit avoir l’homme du monde, et les défauts dont il doit se défendre. La Bruyère a écrit un chapitre, de la Société et de la conversation, qui est comme le résumé des observations de tout le siècle à ce sujet. On n’y eût point songé au siècle précédent ; et il ne se peut pas que cette analyse soit une pensée singulière du moraliste. Le grand écrivain est évidemment l’interprète de son temps, le traducteur de la pensée de tout le monde. Paris n’étoit pas, au reste, le seul théâtre de cette révolution dans les habitudes. Les provinces y participoient ; et leurs capitales, surtout celles où siégeoient des gouverneurs et des parlements, avoient des salons, des précieuses et des académies. Sur ces précieuses