Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Bastille. Ce n’étoit plus le palais des Tournelles, siége du gouvernement, pendant l’occupation angloise, et où résidèrent après le duc de Bedfort, Charles VII, et ses successeurs, jusqu’à la mort de Henri II : palais rasé par Catherine de Médicis, pour abolir la mémoire de la mort funeste de son époux. C’étoit le Louvre, alors nouveau, vieux aujourd’hui, édifié sur les fondations des vieilles tours des comtes de Paris ou de Philippe Auguste ; commencé par François Ier, continué, de règne en règne, avec un luxe royal ; orné de toutes les élégances de l’art du seizième siècle. La vie rude et militante des temps anciens avoit cessé ; et pour vivifier cette belle habitation, la porte du roi s’étoit ouverte à tout le monde. Une société, composée de tous honnêtes gens qui portaient une cotte ou un chaperon, dans Paris, s’y réunissoit, par habitude, et le respect s’y concilioit avec la familiarité, dans les relations paternelles du monarque avec ses sujets ; relations faciles qui ont duré jusqu’au mariage de Louis XIV, avec l’infante d’Espagne.

Auprès de la résidence royale, on admiroit la ravissante galerie du Louvre, qui fait encore l’orgueil de Paris, et où la tradition absurde, s’obstine à voir, dans les chiffres enlacés de Catherine et de Henri III, constructeurs de l’édifice, les chiffres de Henri II et de Diane de Poitiers. Passant aux demeures princières, l’œil se portoit, de l’autre côté du Louvre, sur le bel hôtel de Soissons, ancienne habitation de la reine Blanche, rebâtie par Catherine de Médicis, et dont le marteau du dix-huitième siècle n’a respecté que quelques pierres, celles de la colonne astrologique de Ruggieri ; hôtel alors