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homme normand, comme Saint-Évremond ; tous deux avoient beaucoup d’esprit, mais d’Estelan étoit de plus fort débauché. Il mourut en 1644, ce qui expliqueroit comment la Comédie des académistes est restée, après sa mort, pendant sept ans, en manuscrit. Tallemant nous apprend encore que le comte d’Estelan écrivit beaucoup de petites satires, dont il répandoit des copies manuscrites, avec variantes ; il ne lui attribue point, cependant, la comédie dont il s’agit18. Au contraire, dans l’Historiette de Boisrobert, il attribue la pièce à Saint-Évremond même ; et tel fut aussi le sentiment des contemporains, car Boisrobert, l’un des moins maltraités dans la Comédie, chercha querelle à Saint-Évremond, lequel lui répondit avec assez de hauteur19. La Comédie des académistes fut aussi attribuée à Saint-Amant, comme nous l’apprenons par Pellisson et d’Olivet20. Il paroît même que dans l’Académie, on trouvoit que le style de l’ouvrage se rapportoit beaucoup au style de Saint-Amant, à son esprit et à son humeur.

Mais ce qui tranche toute difficulté pour nous, c’est le témoignage de Saint-Évremond, recueilli par Bayle et par Des Maizeaux lui-même. On peut s’assurer que la comédie imprimée en 1650, en


18. Voy. l’historiette du tome IV, pag. 247 et suiv. Saint-Évremond avoit des relations avec la maison de Saint-Luc, comme on le voit par la Retraite du duc de Longueville.

19. Voy. Tallemant, tom. II, pag. 414 : et Livet, Précieux et précieuses, pag. 375.

20. Tome I de l’édit. de Livet, pag. 48 ; et Livet, Notice sur Saint-Amant, en tête de l’édit. elzévirienne de Jannet.