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le collége depuis bien des années, lorsque la Comédie des académistes commençoit à courir les ruelles. Il est probable que La Monnoye en fit l’observation à Bayle, car ce dernier lui mandoit trois mois après (le 16 décembre 1698) : « Il faut, monsieur, que je vous fasse part d’une réponse plus précise que M. de Saint-Évremond a faite à la question que je lui avois fait proposer (s’il etoit l’auteur de la Comédie). Deux personnes m’ont fait savoir ce qu’il a répondu. La première se contente de m’écrire qu’il se reconnoissoit l’auteur de la Comédie ; mais la seconde a usé de distinction. Voici ses termes : Monsieur de Saint-Évremond a répondu qu’il est vrai qu’au sortir du collège, il avoit travaillé à la pièce intitulée les Académistes ; qu’il n’y avoit pas travaille seul ; que le comte d’Étlan, dont parle le Chevræana, y avoit eu plus de part que lui ; que d’autres encore y avoient contribué ; que la comédie étoit fort mauvaise ; mais qu’il y a 18 ou 20 ans, on la lui renvoya ; qu’il la retoucha et la refit, etc.17. »

Et, en effet, nous voyons, dans le Chevræana, Chevreau affirmant que le comte d’Étlan, fils du maréchal de Saint-Luc, est l’auteur de la Comédie des Académistes. Or, Urbain Chevreau, avoit vécu, à Paris, dans les mêmes sociétés que Saint-Évremond, et avoit été à portée de savoir bien des choses. Le comte d’Estelan, que probablement on prononçoit Étlan, étoit Louis d’Espinay, gentil-


17. Voy. les Œuvres de Bayle, tom. IV, pag. 770 et 779. Des Maizeaux paroît contrarié de ces affirmations, et sans motif plausible, ibid.