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après avoir perdu mes passions, les affections me demeurent encore, il y aura moins d’inquiétude, dans mes plaisirs, et plus de discrétion, dans mon procédé, à l’égard des autres. Si mon imagination diminue, je n’en plairai pas tant, quelquefois, mais j’en importunerai moins, bien souvent. Si je quitte la foule, pour la compagnie, je serai moins dissipé ; si je reviens des grandes compagnies à la conversation de peu de gens, c’est que je saurai mieux choisir.

D’ailleurs, nous changeons, parmi des gens qui changent, aussi bien que nous : infirmes également, ou du moins sujets aux mêmes infirmités. Ainsi, je n’aurai pas honte de chercher, en leur présence, des secours contre la foiblesse de l’âge, et je ne craindrai point de suppléer, avec l’art, à ce qui commence à me manquer, par la nature. Une plus grande précaution contre l’injure du temps, un ménagement plus soigneux de la santé, ne scandaliseront point les personnes sages ; et l’on se doit peu soucier de celles qui ne le sont pas.

À la vérité, ce qui déplaît, dans les vieilles gens, n’est pas le grand soin qu’ils prennent de leur conservation. On leur pardonneroit tout ce qui les regarde, s’ils avoient la même considération pour autrui ; mais l’autorité qu’ils se donnent est pleine d’injustice et d’indiscré-