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infirmités de la vieillesse dans une cour, où la fin de ses services a fait celle de ses intérêts.

La nature nous redemande, pour la liberté, quand nous n’avons plus rien à espérer, pour la fortune. Voilà ce qu’un sentiment d’honnêteté, ce que le soin de notre réputation, ce que le bon sens, ce que la nature exigent de nous. Mais le monde a ses droits, encore, pour nous demander la même chose. Son commerce nous a fourni des plaisirs, tant que nous avons été capables de les goûter : il y auroit de l’ingratitude à lui être à charge, quand nous ne pouvons lui donner que du dégoût.

Pour moi, je me résoudrois à vivre dans le couvent, ou dans le désert, plutôt que de donner une espèce de compassion à mes amis ; et à ceux qui ne le sont pas, la joie malicieuse de leur raillerie. Mais le mal est, qu’on ne s’aperçoit pas quand on devient imbécile, ou ridicule. Il ne suffit point de connoître que l’on est tombé tout à fait : il faut sentir, le premier, qu’on tombe, et prévenir, en homme sage, la connoissance publique de ce changement.

Ce n’est pas que tous les changements qu’apporte l’âge nous doivent faire prendre la résolution de nous retirer. Nous perdons beaucoup, en vieillissant, je l’avoue : mais, parmi les pertes que nous faisons, il y en a qui sont compensées par d’assez grands avantages. Si,