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les mœurs de ce philosophe. Des philosophes, et de ses disciples même, l’ont décrié comme un sensuel et un paresseux, qui ne sortoit de son oisiveté que par la débauche. Toutes les sectes se sont opposées à la sienne. Des magistrats ont considéré sa doctrine comme pernicieuse au public. Cicéron, si juste et si sage dans ses opinions ; Plutarque, si estimé par ses jugements, ne lui ont pas été favorables : et, pour ce qui regarde les chrétiens, les Pères l’ont fait passer pour le plus grand et le plus dangereux de tous les impies. Voilà ses ennemis : voici ses partisans.

Métrodore, Hermacus, Ménécée, et beaucoup d’autres qui philosophoient avec lui, ont eu autant de vénération que d’amitié pour sa personne. Diogène Laërce ne pouvoit pas écrire sa vie plus avantageusement, pour sa réputation. Lucrèce a été son adorateur ; Sénèque, tout ennemi de sa secte qu’il étoit, a parlé de lui avec éloge. Si des villes l’ont eu en horreur, d’autres lui ont érigé des statues ; et parmi les chrétiens, si les Pères l’ont décrié, M. Gassendi et M. Bernier le justifient.

Au milieu de toutes ces autorités, opposées les unes aux autres, quel moyen y a-t-il de décider ? Dirai-je qu’Épicure est un corrupteur des bonnes mœurs, sur la foi d’un philosophe jaloux, ou d’un disciple mécontent, qui aura pu