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a de bien faits que je n’avoue point, parce qu’ils ne m’appartiennent pas ; et parmi les choses que j’ai faites, on a mêlé beaucoup de sottises, que je ne prends pas la peine de désavouer. À l’âge où je suis, une heure de vie bien ménagée, m’est plus considérable que l’intérêt d’une médiocre réputation. Qu’on se défait de l’amour propre difficilement ! Je le quitte comme auteur, je le reprends comme philosophe : sentant une volupté secrète, à négliger ce qui fait le soin de tous les autres.

Le mot de Volupté me rappelle Épicure ; et je confesse que, de toutes les opinions des philosophes, touchant le souverain bien, il n’y en a point qui me paroisse si raisonnable que la sienne. Il seroit inutile d’apporter ici des raisons, cent fois dites par les épicuriens : que l’amour de la volupté, et la fuite de la douleur, sont les premiers et les plus naturels mouvements, qu’on remarque aux hommes ; que les richesses, la puissance, l’honneur, la vertu, peuvent contribuer à notre bonheur : mais que la jouissance du plaisir, la volupté, pour tout dire, est la véritable fin où toutes nos actions se rapportent. C’est une chose assez claire d’elle-même, et j’en suis pleinement persuadé. Cependant, je ne connois pas bien quelle étoit la Volupté d’Épicure : car je n’ai jamais vu de sentiments si divers, que ceux qu’on a eus sur