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amant, qui les console de celui qu’elles ont perdu : en quelques autres, la dévotion est un dessein d’intérêt, et le mystère d’une nouvelle conduite.

Vous en verrez de sombres et de retirées, qui préfèrent les Tartufes aux galants bien faits, quelquefois par le goût d’une volupté obscure. Quelquefois, elles veulent s’élever au ciel de bonne foi, et leur foiblesse les fait reposer, en chemin, avec les directeurs qui les conduisent. La dévotion a quelque chose de tendre, pour Dieu, qui peut retourner aisément à quelque chose d’amoureux, pour les hommes.

J’oubliois à vous parler de certaines femmes retirées, qui se donnent à Dieu, en apparence, pour être moins à une mère, ou à un mari. Il y en a de cent façons différentes, et fort peu où ne paroisse le caractère de la femme, soit dans leur humeur, soit dans leur amour.

Pour bien juger du mérite des dévotes, il ne faut pas tant considérer ce qu’elles veulent faire pour Dieu, que ce que Dieu veut qu’elles fassent. Car, dans la vérité, toutes les mortifications qu’elles se donnent, de leur propre mouvement, sont autant d’effets agréables de leur fantaisie ; et une femme est assez bien payée, en ce monde, à qui on permet de faire ce qui lui plaît. Il faut voir comment elles se comportent, dans les choses que Dieu exige de leur sou-