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Le vrai chrétien sait se faire des avantages, de toutes choses. Les maux qui lui viennent, sont des biens que Dieu lui envoie : les biens qui lui manquent, sont des maux dont la Providence l’a garanti. Tout lui est bienfait, tout lui est grâce, en ce monde ; et, quand il en faut sortir, par la nécessité de la condition mortelle, il envisage la fin de sa vie, comme le passage à une plus heureuse, qui dure toujours.

Tel est le bonheur du vrai chrétien, tandis que l’incertitude fait une condition malheureuse à tous les autres. En effet, nous sommes presque tous incertains, peu déterminés au bien et au mal. C’est un tour et un retour continuel, de la nature à la religion, et de la religion à la nature. Si nous quittons le soin du salut, pour contenter nos inclinations, ces mêmes inclinations se soulèvent bientôt, contre leurs plaisirs ; et le dégoût des objets qui les ont flattées davantage, nous renvoie aux soins de notre salut. Que si nous renonçons à nos plaisirs, par principe de conscience, la même chose nous arrive, dans l’attachement au salut, ou l’habitude et l’ennui nous rejettent aux objets de nos premières inclinations.

Voilà comment nous sommes sur la religion, en nous-mêmes : voici le jugement qu’en fait le public. Quittons-nous Dieu pour le monde, nous sommes traités d’impies : quittons-nous