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sies, ils cherchent, enfin, à se confier, à ouvrir un cœur qu’ils tiennent fermé à tout le monde. Les flatteries des adulateurs leur font souhaiter la sincérité d’un ami ; et c’est là que se font ces confidents, qu’on appelle Favoris : ces personnes chères aux princes, avec lesquelles ils se soulagent de la gêne de leurs secrets, avec lesquelles ils veulent goûter toutes les douceurs, que la familiarité du commerce, et la liberté de la conversation, peuvent donner aux amis particuliers.

Mais que ces amitiés sont dangereuses, à un favori qui songe plus à aimer qu’à se bien conduire ! Ce confident pense trouver son ami où il rencontre son maître ; et, par un retour imprévu, sa familiarité est punie, comme la liberté indiscrète d’un serviteur qui s’est oublié. Ces gens de cour, de qui l’intérêt règle toujours la conduite, trouvent dans leur industrie de quoi plaire, et leur prudence leur fait éviter tout ce qui choque, tout ce qui déplaît. Celui qui aime véritablement son maître, ne consulte que son cœur. Il croit être en sûreté de ce qu’il dit, et de ce qu’il fait, par ce qu’il sent ; et la chaleur d’une amitié mal réglée le fait périr, quand la précaution des personnes qui n’aiment pas lui conserveroit tous les avantages de sa fortune. C’est par là qu’on perd ordinairement les inclinations des princes, plus exacts