contre le mérite des bonnes œuvres, ne nous inspirât insensiblement quelque langueur à les pratiquer. »
On pourroit dire, à mon avis, que saint Pierre et saint Jacques avoient eu raison de prêcher, à des gens aussi corrompus qu’étoient les Juifs, la nécessité des bonnes œuvres ; car, c’étoit leur prescrire ce qui leur manquoit, et dont ils pouvoient se sentir convaincus eux-mêmes. Mais ces apôtres auroient peu avancé leur ministère, par le discours de la grâce, avec un peuple qui avoit vu les miracles faits en sa faveur, et qui avoit éprouvé, mille fois, les assistances visibles d’un Dieu.
Saint Paul n’agissoit pas moins sagement, avec les Gentils, étant certain qu’il eût converti peu de gens à Jésus-Christ, par le discours des bonnes œuvres. Les Gentils étoient justes et tempérants : ils avoient de l’intégrité et de l’innocence : ils étoient fermes et constants, jusqu’à mourir pour la patrie. Leur prêcher les bonnes œuvres, c’étoit faire, comme les philosophes, qui leur enseignoient à bien vivre. La morale de Jésus-Christ étoit plus pure, je l’avoue ; mais elle n’avoit rien qui pût faire assez d’impression, sur leurs esprits. Il falloit leur prêcher la nécessité de la grâce, et anéantir, autant qu’on pouvoit, la confiance qu’ils avoient en leur vertu.