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vous n’ôtez la haine de la division auparavant. On peut se rechercher, comme sociables, mais on ne revient point à des ennemis. La feinte, l’hypocrisie dans la religion, sont les seules choses qui doivent être odieuses ; car qui croit de bonne foi, quand il croiroit mal, se rend digne d’être plaint, au lieu de mériter qu’on le persécute. L’aveuglement du corps attire la compassion. Que peut avoir celui de l’esprit, pour exciter de la haine ? Dans la plus grande tyrannie des anciens, on laissoit à l’entendement une pleine liberté de ses lumières ; et il y a des nations, aujourd’hui, parmi les chrétiens, où l’on impose la loi de se persuader ce qu’on ne peut croire. Selon mon sentiment, chacun doit être libre dans sa créance, pourvu qu’elle n’aille pas à exciter des factions, qui puissent troubler la tranquillité publique. Les temples sont du droit des souverains : ils s’ouvrent et se ferment, comme il leur plaît ; mais notre cœur en est un secret, où il nous est permis d’adorer leur maître.

Outre la différence de doctrine, en certains points, affectée à chaque religion, je trouve qu’elles ont toutes comme un esprit particulier qui les distingue. Celui de la catholicité va singulièrement à aimer Dieu, et à faire de bonnes œuvres. Nous regardons ce premier être, comme un objet souverainement aimable, et