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noître l’avantage de la religion chrétienne, sur les autres ; et, tirant de moi tout ce que je puis, pour me soumettre respectueusement à la foi de ses mystères, j’ai laissé goûter à ma raison, avec plaisir, la plus pure et la plus parfaite morale qui fût jamais.

Dans la diversité des créances, qui partage le christianisme, la vraie catholicité me tient, à elle seule, autant par mon élection, si j’avois encore à choisir, que par habitude, et par les impressions que j’en ai reçues. Mais cet attachement à ma créance ne m’anime point, contre celle des autres, et je n’eus jamais ce zèle indiscret qui nous fait haïr les personnes, parce qu’elles ne conviennent pas de sentiment avec nous. L’amour propre forme ce faux zèle, et une séduction secrète nous fait voir de la charité, pour le prochain, où il n’y a rien qu’un excès de complaisance, pour notre opinion.

Ce que nous appelons aujourd’hui les Religions, n’est, à le bien prendre, que différence dans la Religion et non pas Religion différente. Je me réjouis de croire plus sainement qu’un huguenot : cependant, au lieu de le haïr, pour la différence d’opinion, il m’est cher de ce qu’il convient de mon principe. Le moyen de convenir à la fin en tout, c’est de se communiquer toujours par quelque chose. Vous n’inspirerez jamais l’amour de la réunion, si