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Sa clarté qu’on voit sans seconde,
Éclairant peu à peu le monde,
Luira même un jour pour les Dieux.

Je ne suis pas assez maître de mon génie ;
J’ai fait, sans y penser, une cacophonie :
Qui me soupçonnerait d’avoir mis peu à peu ?
Ce désordre me vient pour avoir trop de feu.

Qui vit jamais rien de si beau,
Que les beaux yeux de la Comtesse ?
Je ne crois point qu’une Déesse
Nous éclairât d’un tel flambeau.

Aussi, peut-on trouver un âme,
Qui ne sente la vive flamme
Qu’allume cet œil radieux ?
Sa clarté qu’on voit sans seconde
S’épand déjà sur tout le monde,
Et luira bientôt pour les Dieux.

Voilà ce qui s’appelle écrire avec justesse !
Et ce qui m’en plaît plus, tout est fait sans rudesse :
Car tout ouvrage fort a de la dureté,
Si par un art soigneux il n’est pas ajusté.

Chacun admire en ce visage,
La lumière de deux soleils :
Si la nature eût été sage.
Le ciel en aurait deux pareils.

Que voilà de beaux vers ! L’auguste poésie !
Phœbus, éclaire encore un peu ma fantaisie !
Divin père du jour, qui maintiens l’univers,
Donne-moi cette ardeur, qui fait faire des vers !
Ranime mes esprits, et dans mon sang rappelle
La féconde chaleur, qui forma la Pucelle6 !


6. La Pucelle de Chapelain n’étoit point encore imprimée en 1643 ; sa première édition est de 1656. Mais l’auteur en lisoit, depuis bien des années, des frag-