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agitée, ne représentent rien que celles des anciens n’aient beaucoup mieux représenté. Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les mêmes idées que nous donnons, ce sont les mêmes expressions et les mêmes rimes. Je ne trouve jamais le chant des oiseaux, que je ne me prépare au bruit des ruisseaux : les bergères sont toujours couchées sur des fougères ; et on voit moins les bocages, sans les ombrages, dans nos vers, qu’au véritable lieu où ils sont. Or, il est impossible que cela ne devienne, à la fin, fort ennuyeux ; ce qui n’arrive pas dans les comédies, où nous voyons représenter, avec plaisir, les mêmes choses que nous pouvons faire, et où nous sentons des mouvements semblables à ceux que nous voyons exprimer.

Un discours où l’on ne parle que de bois, de rivières, de prés, de campagnes, de jardins, fait sur nous une impression bien languissante, à moins qu’il n’ait des agréments tout nouveaux ; mais ce qui est de l’humanité, les penchants, les tendresses, les affections, trouvent naturellement au fond de notre âme à se faire sentir : la même nature les produit et les reçoit ; ils passent aisément, des hommes qu’on représente, en des hommes qui voient représenter.