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il faut partir : Partez. Et vous, mes amis, allez goûter, avec joie, le repos dont vous êtes privés depuis longtemps. C’en est assez, messieurs ; je vous jure que je suis tout en sueur, du travail que m’a fait la résistance de ces diables obstinés. Je pense bien avoir eu affaire à deux mille esprits, en ma vie, qui, tous ensemble, ne m’ont pas donné tant de peine que ceux-ci. »

Les démons expédiés, le bon Irlandois se retira : tout le monde sortit, et nos bonnes gens retournèrent à leur logis, avec une satisfaction plus merveilleuse que le prodige qui s’étoit fait en leur faveur. Étant de retour en leur maison, tout leur parut agréable, par un changement d’esprit, qui mit une nouvelle disposition dans leurs sens. Ils trouvèrent un air riant en toutes choses : ils se regardoient eux-mêmes avec agrément ; et les paroles douces et tendres ne leur manquèrent pas, pour exprimer leur amour. Mais, vains plaisirs, qu’il faut peu se fier à votre durée ! et que les personnes nées pour l’infortune se réjouissent mal à propos, quand il leur arrive un petit bonheur !

Telle étoit la douceur de nos mariés, lorsqu’une dame de leurs amies vint leur témoigner sa joie de celle qu’ils recevoient de leur guérison. Ils répondirent à cette civilité, avec toute la discrétion du monde ; et les compliments ordinaires, en ces occasions, faits et ren-