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grands ennemis de l’obéissance, et fort difficiles à chasser. Vous ne trouverez pas mauvais, messieurs, poursuivit-il, en se tournant vers l’assemblée, que je regarde un peu dans mes livres, car j’ai besoin de paroles extraordinaires. » Là-dessus, il se retira dans un cabinet, pour y feuilleter ses papiers ; et, après avoir rejeté cent formules, comme trop foibles, contre de si grands ennemis, il tomba sur une, à la fin, capable, à son avis, de confondre tous les diables de l’enfer.

Le premier effet de la conjuration se fit sur lui-même ; car les yeux commencèrent à lui rouler en la tête, avec tant de grimaces et de contorsions, qu’il pouvoit paroître le possédé, à ceux qui venoient chercher du remède contre la possession. Après avoir tourné ses yeux égarés de toutes parts, il les fixa sur ces bonnes gens, et les frappant tous deux d’une baguette qui ne devoit pas être sans vertu : « Allez, démons, dit-il, allez, esprits de dissenssion, exercer la discorde dans l’enfer, et laissez rétablir, par votre départ, l’heureuse union que, méchamment, vous avez rompue. » Alors, il s’approcha doucement de l’oreille des prétendus possédés, et haussant un peu le ton de la voix : « Je vous entends murmurer, démons, de l’obéissance que vous êtes forcés de me rendre ; mais, dussiez-vous en crever,