Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/475

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’en est pas ainsi de la perte de la beauté. Cette perte met une pleine amertume dans vos pleurs, et vous ôte l’espérance d’aucun plaisir, pour le reste de votre vie.

Avec votre beauté, il n’y avoit point d’infortune dont vous ne pussiez vous consoler : sans votre beauté, il n’y a point de bonheur dont vous puissiez vous satisfaire. Partout, le souvenir de ce que vous avez été fera vos regrets ; partout, la vue de ce que vous êtes fera vos chagrins.

Le remède seroit de vous accommoder sagement au malheureux état où vous vous trouvez ; et quel remède, pour une femme qui a été adorée, de revenir d’une vanité si chère à la raison ! Nouvelle et fâcheuse expérience, après l’habitude d’un sentiment si doux et si agréable !

Les dernières larmes que se réservent de beaux yeux, c’est pour se pleurer eux-mêmes, quand ils seront effacés. De tous les cœurs, le seul qui soupire encore pour une beauté perdue, c’est celui d’une misérable qui la possédoit.

Le plus excellent de nos poëtes, pour consoler une grande reine de la perte d’un plus grand roi, son époux, veut lui faire honte de l’excès de son affliction, par l’exemple d’une reine désespérée qui se prit au sort, dit aux astres des