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lice et des lois, jusqu’à se rendre capables des affaires de la paix et de la guerre, sans expérience.

Les moins curieux savent de quelle sorte ils étoient touchés des belles-lettres. Il est certain qu’on voyoit peu de grands, à Rome, qui n’eussent, chez eux, quelques Grecs spirituels, pour s’entretenir des choses qui regardent l’agrément. Parmi cent exemples que je pourrais apporter, je me contenterai de celui de César, et ce sera assez faire, pour mon opinion, que de l’appuyer de son autorité.

De toutes les sectes qui étoient alors en réputation, il choisit celle d’Épicure, comme la plus douce et la plus conforme à son naturel et à ses plaisirs : car il y avoit de deux sortes d’épicuriens. Les uns, philosophant à l’ombre et cachant leur vie, selon le précepte4 : les autres, qui, ne pouvant approuver l’austérité des philosophes, se laissoient aller à des opinions plus naturelles. De ces derniers ont été la plupart des honnêtes gens de ce temps-là, qui savoient séparer la personne du magistrat, et


4. Cache ta vie : Λάθε Βιώσας. Plutarque a fait un traité contre cette maxime. C’étoit, dit Amyot, à la tête de ce traité, un précepte fort commun, et fort estimé entre les épicuriens, mis en avant par Neocles, le frère d’Épicurus, ainsi que dit Suidas, par lequel il conseilloit à qui voulait être heureux, de ne s’entremettre d’affaire quelconque publique.