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Puis étoit reproduite, entre Godeau et Colletet, une scène que Tallemant assure avoir eu lieu réellement, entre Chapelain et Godeau, chez Mme de Rambouillet ; dont une seconde représentation a été donnée plus tard, au Luxembourg, chez Mademoiselle, par Ménage et Cotin ; et qui a été le type évident de la scène mordante de Trissotin et Vadius, dans le troisième acte des Femmes savantes3 de Molière, pour qui probablement le nom de Vadius a été une réminiscence de Godeau à l’hôtel de Rambouillet, comme le nom de Trissotin rappeloit au public le petit abbé ridicule du palais du Luxembourg.

GODEAU.

Bon-jour, cher Colletet.

COLLETET se jette à genoux.

Bon-jour, cher Colletet.Grand évêque de Grasse,
Dites-moi, s’il vous plaît, comme il faut que je fasse.
Ne dois-je pas baiser votre sacré talon ?

GODEAU.

Nous sommes tous égaux, étant fils d’Apollon ;
Levez-vous, Colletet.

COLLETET.

Levez-vous, Colletet.Votre magnificence
Me permet, Monseigneur, une telle licence ?

GODEAU.

Rien ne sauroit changer le commerce entre nous :
Je suis Évêque ailleurs, ici Godeau pour vous.

COLLETET.

Très-révérend seigneur, je vais donc vous complaire.



3. Voy. Tallemant, Hist. de Chapelain, III, pag. 269 ; et d’Olivet, Hist. de l’Acad. françoise, à la suite de celle de Pellisson, publiée par M. Livet, tom. II, pag. 161.