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tre la réforme dans un couvent sans se réformer : ils exaltent la pénitence sans la faire : ils font manger des herbes à des gens qui cherchent à se distinguer par des singularités, tandis qu’on leur voit manger tout ce que mangent les personnes de bon goût. Cependant nos directeurs, tels que je les dépeins, servent mieux le jansénisme par leur direction, que ne font nos meilleurs écrivains, par leurs beaux livres.

« C’est une conduite sage et prudente qui nous maintient : et, si jamais M. de Bellièvre2, M. de Lègue3 et M. du Gué-Bagnols4 viennent à nous manquer, je me trompe, ou l’on verra un grand changement dans le jansénisme. La raison est, que nos opinions auront de la peine à subsister d’elles-mêmes : elles sont une violence éternelle à la nature5 ; elles ôtent de la religion ce qui nous console : elles y mettent la crainte, la douleur, le désespoir. Les jansénistes, vou-


2. Le premier président de Bellièvre. Voy. Sainte-Beuve, loc. cit., t. II et III, passim ; Tallemant des Réaux et les Mém. de Retz.

3. Sainte-Beuve, ibid., t. III, p. 511. Il écrit : de Laigues. On ne sait rien de particulier sur ce meneur du jansénisme.

4. Il a joui d’une grande réputation, en son temps. Voy. Sainte-Beuve, ibid., t. II et III, passim, et Feillet, la Misère au temps de la Fronde, p. 228.

5. Voy. M. Cousin, Études sur Pascal, et Jacqueline Pascal. Il est, en ce point, de l’avis de Saint-Évremond.