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gnité de la compagnie, que Cotin, Faret, Colletet et Boisrobert avoient peu illustrée.

Ce fut en 1643 qu’apparut, avec une publicité restreinte, mais qui n’en fit pas moins un certain bruit, la comédie des Académistes. Saint-Évremond, admirateur passionné de Corneille, avoit, un des premiers de son temps, rompu avec l’esprit d’érudition, encore en honneur chez tant de lettrés du règne de Louis XIII ; mais il étoit l’homme du bon sens élégant et délicat, modèle de grâce dans les assemblées, indépendant surtout et libre dans ses jugements ; et il n’avoit pu se résoudre à courber la tête devant ce tribunal prétendu souverain de la langue, qui, nous devons l’avouer, n’étoit point encore, alors, la grande Académie françoise, et dont les salons de Paris ne reconnoissoient pas, à ce moment, en fait d’usage, la compétence réglementaire. Il composa donc, en société avec quelques amis, une satire dialoguée, espèce de Proverbe, dépourvu de toute intrigue dramatique, mais où étoit tournée en ridicule la façon de procéder, un peu pédantesque, de la nouvelle Académie, et la chasse aux mots à laquelle elle se livroit, au dire des malins.

Les personnages en étoient : le chancelier Séguier, protecteur ; Serizay, directeur ; Desmarets, chancelier ; Godeau, évêque de Grasse ; Gombaud, Chapelain, Habert, Faret, Boisrobert, Silhon, Gomberville, Saint-Amant, Colomby, Baudoin, L’Estoile, Porchères et Mlle de Gournay. Au premier acte, Saint-Amant entroit en scène par ces vers :

Faret, qui ne riroit de notre académie ?
Passer huit ou dix ans à réformer six mots !
Pardieu, mon cher Faret, nous sommes de grands sots !