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réchal. La plus belle du monde[1] commençoit à me lanterner, lorsqu’elle mourut. Il y avoit toujours auprès d’elle un certain abbé de Rancé[2], un petit janséniste, qui lui parloit de la grâce, devant le monde, et l’entretenoit de toute autre chose, en particulier. Cela me fit quitter le parti des jansénistes. Auparavant, je ne perdois pas un sermon du P. Desmares[3], et je ne jurois que par MM. de Port-

  1. C’est ainsi que le maréchal d’Hocquincourt appeloit madame de Montbazon. Il lui écrivait, en 1649, au temps de la Fronde : Péronne est à la belle des belles. Voy. les Mém. de Retz, t. I, p. 317. Édit. Champoll.
  2. Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, si connu depuis comme réformateur de la Trappe, avoit été, avant sa conversion, l’amant de la duchesse de Montbazon ; et il paroît certain que la mort prompte et inopinée de la duchesse décida la conversion de l’abbé de Rancé. Madame de Montbazon mourut de la petite vérole, dans une maison de campagne. On prétend que Rancé, qui étoit parti de Paris, sur la première nouvelle de la maladie, arrivant dans cette maison, et ne trouvant personne à l’entrée, monta dans l’appartement de la duchesse, par un escalier dérobé qu’il connoissoit ; et que le premier objet qui s’offrit à sa vue, ce fut la tête de madame de Montbazon qu’on avoit coupée, parce que le cercueil s’étoit trouvé trop court, et à côté de la tête ses yeux sur une assiette. Cette vue fit, dit-on, une impression si vive sur Rancé, qu’il renonça au monde, et qu’il établit dans son abbaye de la Trappe la réforme qu’on connoit. Il y mourut le 26 octobre 1702. Voy. Tallemant, t. IV, p. 461 et suiv. Édit. de P. Paris, et Sainte-Beuve, Port-Royal, III, IV et V, passim, 2e édit.

    (Addendum) : Au sujet de cette histoire, si peu croyable, de l’aventure de Rancé, cf. Bayle, Œuvres, tome I, p. 312 ; Lettres de Guy-Patin, édit. de Reveillé-Parise, tome II, p. 309 ; et, surtout, la discussion judicieuse de M. Éd. Fournier, dans son Paris démoli, p. 63 et suiv.

  3. Le P. Desmares, prédicateur renommé, de l’Oratoire.