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vieilles une image de l’austérité de sa vie. Les jeunes la prendront pour une langueur de sa passion ; et tandis qu’une bonne mère veut imiter la sainte dans ses souffrances, la jeune fille songe à la pécheresse, et médite amoureusement sur le sujet de son repentir.

Ces pénitentes, qui pleurent dans le couvent les péchés qu’elles ont fait dans le monde, servent d’exemple pour la joie, aussi bien que pour les larmes ; peut-être même qu’elles donnent la confiance de pécher, pour laisser en vue la ressource de la pénitence. Une femme ne regarde point séparément quelque partie de leurs jours ; elle s’attache à l’imitation de la vie entière ; et, se donnant à l’amour quand elle est jeune, elle se réserve à pleurer, pour la consolation de sa vieillesse. Dans cet âge triste et si sujet aux douleurs, c’est un plaisir de pleurer ses péchés, ou pour le moins une diversion des larmes que l’on donneroit à ses maux.

Je suis donc à couvert de tout, me direz-vous, avec une protestante. Je vous répondrai ce que dit le bon P. Hippothadée à Panurge : Oui, si à Dieu plaît2. Le plus sage s’en remet à la Providence : il attend d’elle sa sûreté, et de lui-même le repos de son esprit.


2. Voy. Rabelais, Pantagruel, liv. III, chap. xxx.