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que par des voies légitimes. Il peut avoir de l’habileté sans finesse, de la dextérité sans fourberie, et de la complaisance sans flatterie.

Quand il se trouve ami des favoris, il entre agréablement dans leurs plaisirs et fidèlement dans leurs secrets. S’ils viennent à tomber, il prend part à leur malheur, selon qu’il en a pris à leur fortune. Le même esprit qui savoit leur plaire sait les consoler : il rend leurs maux moins fâcheux, comme il rendoit leurs plaisirs plus agréables : il ménage ses offices avec adresse, sans blesser sa fidélité, ni nuire à sa fortune : il sert plus commodément pour lui, et plus utilement pour ses amis. Bien souvent il se rebute moins que ceux qui cherchent leur propre gloire, en secourant les autres ; qui ne songent qu’à se rendre recommandables par des marques de fermeté, et qui préfèrent l’éclat d’une belle action au bien de ceux qu’ils veulent obliger.

De ces deux sortes de gens, les uns font semblant de s’éloigner des malheureux, afin de les mieux servir ; les autres courent après, pour les gouverner. Tandis que ceux-là se cachent et ne pensent qu’à soulager les affligés, ceux-ci n’aiment rien tant qu’à exercer une générosité farouche et impérieuse, qu’à gourmander les misérables qui ont besoin de leur crédit.

C’est trop pousser ce discours : je vais le