nion de l’anéantissement, est touché de quelque tendresse pour lui-même, se réservant des honneurs et des plaisirs, pour un autre état que pour celui qu’il va quitter.
D’où pensez-vous que viennent les contradictions d’Aristote et de Sénèque, sur ce sujet, que de l’incertitude d’une opinion qu’ils ne pouvoient fixer, dans la matière la plus importante pour l’intérêt, et la plus obscure pour la connoissance ? D’où vient cette variation ordinaire ? C’est qu’ils sont troublés par les différentes idées de la mort présente et de la vie future. Leur âme, incertaine d’elle-même, établit ou renverse ses opinions, à mesure qu’elle est séduite par les diverses apparences de la vérité.
Salomon, qui fut le plus grand des rois et le plus sage des hommes, fournit aux impies de quoi soutenir leurs erreurs, et instruit les gens de bien à demeurer fermes dans l’amour de la vérité. Si quelqu’un a dû être exempt d’erreur, de doute, de changement, ç’a été Salomon. Cependant nous voyons, dans l’inégalité de sa conduite, qu’il s’est lassé de sa sagesse, qu’il s’est lassé de sa folie ; que ses vertus et ses vices lui ont donné tour à tour de nouveaux dégoûts ; qu’il a pensé, quelquefois, que toutes choses alloient à l’aventure ; qu’il a tout rapporté, quelquefois, à la Providence.