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tième siècle ! et l’homme de lettres que le grand seigneur courtise au siècle suivant !

Le gentilhomme, élève de Montaigne, tient la plume de l’écrivain, chez Saint-Évremond, comme chez la Rochefoucauld. Au moment où il quittoit la France, un ami lui demanda son opinion sur les sciences où peut s’appliquer un honnête homme : on aimoit, en ce temps-là, à traiter un sujet philosophique ou littéraire, en forme de lettre ; Saint-Évremond répond à son ami, par un petit factum exquis, sur la question posée : « Je n’ai jamais eu de grands attachements à la lecture ; si j’y emploie quelques heures, ce sont les plus inutiles, sans dessein, sans ordre, quand je ne puis avoir la conversation des honnêtes gens, et que je me trouve éloigné du commerce des plaisirs. Ne vous imaginez donc pas que je vous parle profondément de choses que je n’ai étudiées qu’en passant, etc. » Et après quelques lignes de critique générale, sur la théologie, la philosophie et les mathématiques, il ne trouve point de connoissances qui intéressent plus particulièrement l’honnête homme, que la morale, la politique et les belles-lettres. « La première, dit-il, regarde la raison ; la seconde, la société ; la troisième, la conversation. L’une vous apprendra à gouverner vos passions ; par l’autre, vous vous instruisez des affaires de l’État, et réglez votre conduite dans la fortune ; la dernière polit l’esprit, inspire la délicatesse et l’agrément. » Voilà les conclusions de l’épicuréisme. Il les développe avec plus de complaisance et plus d’ampleur dans cette autre lettre célèbre au maréchal de Créqui, laquelle