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dissiper peut-être les soupçons jaloux que nous connoissons. La mort du duc de Candale, et la Conversation que Saint-Évremond a consacrée à sa mémoire, sont de ce même temps (1658).

Délivré de crainte au sujet du duel, Saint-Évremond servit en Flandre jusqu’aux premiers jours du mois de mai 1659, où fut conclue la suspension d’armes, qui a été suivie de la signature de la paix des Pyrénées, le 7 novembre de la même année. On sait qu’après que les articles préliminaires furent réglés, le cardinal Mazarin partit de Paris, en superbe équipage, pour aller terminer lui-même les négociations qu’avoient ébauchées M. de Lionne5 pour la France, et don Louis de Haro pour l’Espagne. Le cardinal se fit un cortège des principaux personnages de la cour ; et de ce nombre fut Saint-Évremond, qui ne partit point sans promettre au marquis de Créqui6, son ami, alors lieutenant général, maréchal en 1668, de lui rendre compte de ce qu’il verroit et entendroit de ces fameuses conférences qui ont précédé le traité de 1659, et le mariage de Louis XIV, objet tant désiré de la politique de Mazarin. C’est ce fatal engagement de l’amitié qui a dicté l’un des plus hardis pamphlets de Saint-Évremond, amené sa disgrâce, et provoqué un exil qui a duré jusqu’à sa mort. En effet, après la signature de la paix,


5. L’hôtel de Lionne occupoit, près du passage Choiseul, l’espace compris entre la rue Neuve-dés-Petits-Champs et la rue Neuve-Saint-Augustin, du côté de la rue Sainte-Anne.

6. L’hôtel du maréchal de Créqui étoit rue de l’Oratoire-du-Louvre, à la hauteur du chevet de l’église de ce nom. Voy. Jaillot, Quartier du Louvre, p. 55.