vant, comme elle étoit dans la chambre de la reine, elle s’y éprit avec passion d’un joli soufflet d’ébène, garni d’argent, qui, par un mécanisme caché, parfumoit l’appartement d’une suave odeur de frangipane, en même temps qu’il souffloit et ravivoit le feu. Elle avoit toujours ce soufflet à la main, et son désir de le posséder devint si ardent qu’elle engagea M. de Vardes à l’escamoter pour elle : ce qui fut fait. Mais on découvrit le vol et la voleuse. La reine en rit et pardonna, tout en exigeant la restitution ; et depuis lors, on appeloit notre comtesse la souffleuse de la reine et la souffletée de son mari, ou bien, simplement, la dame au soufflet25 ; ce qui ne l’empêchoit pas d’être de toutes les parties à la cour. Son grand nom couvroit tout26.
Évremond. — Son exil.
J’ai déjà parlé du séjour de la reine Christine de Suède à Paris, en 1656. Elle y fut l’objet de toutes les curiosités, et le sujet de toutes les conversations. On ne tarissoit pas sur son abdication, sur son savoir, et sur
25. Voy. le Journal publié par M. Faugère, et déjà indiqué au chapitre précédent (1862, in-8º, p. 159, 163, 359 et 402).
26. Nous avons dit que le comte d’Olonne étoit de la maison de la Trémouille, branche de Noirmoutier.