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exiler M. de Vardes. Parce qu’il eut plus d’esprit, falloit-il être inexorable ? Il fut coupable, sans doute ; mais pourquoi lui refuser d’aller laver sa faute dans son sang, à la frontière, comme il le demandoit ? Sa correspondance est l’une des plus spirituelles et des plus intéressantes qu’on puisse lire. Quant aux mauvais bruits qui ont couru sur sa fille, c’est une infamie, sans preuve, à laquelle le salon de Mme du Deffand a trop facilement ajouté foi, cent ans après. Quoi qu’il en soit, Saint-Évremond ne peut être l’auteur des pages qu’on vient de lire. On ne sauroit y reconnoître son style ; et l’on peut montrer que l’exil l’avoit reconcilié avec son parent, exilé comme lui. Le 29 mai 1673, le comte de Limoges envoyoit à Bussy les tendres compliments de Saint-Évremond ; et Bussy répondoit par un retour de saluts affectueux. En 1677, et le 3 novembre, Bussy écrivant au comte de Grammont, l’entretenoit de notre ami Saint-Évremond ; et, la veille, il en avoit parlé dans les mêmes termes à Mme de Gouville. Le 1er janvier 1686, Bussy tenoit le même langage à Mlle de Ragny, au sujet d’une Histoire de François de Lorraine, duc de Guise, alors attribuée à Saint-Évremond. Le 30 septembre, même année, Mme de Scudéry ayant envoyé au comte de Rabutin une lettre, qui circuloit aussi sous le nom de Saint-Évremond, le comte répondoit, le 9 octobre : « Cette lettre n’est pas de Saint-Évremond. Je connois le style de mon cousin, comme je connois le mien, etc. » Enfin, en 1689, Saint-Évremond écrivoit à Ninon : « Si vous connoissez Barbin, faites-lui demander pourquoi il imprime tant de choses sous mon nom, qui ne sont point de moi. J’ai assez de