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daloue n’avoient encore pris l’ascendant que l’on connoît sur la société Françoise. La division du pays entre deux grandes sections du christianisme, de force égale, à peu près, alors, dans les classes polies : la communion catholique et la communion réformée avoit, en quelque sorte, fait surgir cette loi supérieure et laïque, la loi du monde, au travers de la croyance religieuse de chacun. Le protestantisme, quoique réduit à l’obéissance par Richelieu, étoit encore une force considérable, dans l’État, et tenoit en échec le catholicisme. La philosophie sceptique ou épicurienne s’étoit coulée au milieu d’eux, propagée à l’abri du principe de la liberté de conscience. Les protestants étoient des demi-philosophes. On a trop perdu de vue, aujourd’hui, l’influence que devoit exercer, sur le mouvement social : d’une part, ce christianisme mi-parti, dont nous n’avons plus le tableau sous les yeux, depuis l’ordonnance de 1685 ; et, d’un autre côté, cette philosophie sceptique, qui a gardé tant de crédit dans la société cultivée, même après Descartes.

C’est celle que Saint-Évremond représentoit au salon du Luxembourg. Les mœurs civilisées de la cour et de la ville ne laissoient pas d’être mêlées encore, comme nous l’avons déjà remarqué, de singuliers contrastes de grossièreté, qui se sontproduits, même dans une période plus avancée du siècle12. À cet égard, le salon de Mademoiselle a été, après le salon de


12. Loret, en sa gazette du 21 mai 1651, indique deux grandes dames qui s’enivroient d’habitude. En 1699, Dangeau nous montre un duc d’Elbeuf, sanglant d’une épaule de mouton sur la joue d’un officier supérieur, dans un souper.