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l’importance littéraire. Pascal y avoit été présenté ; c’est là qu’il vit le grand monde et qu’il y eut du succès. C’est de là qu’est partie, grâce à Mademoiselle et à Mme de la Fayette, une direction nouvelle du goût littéraire, dans le genre, déjà si accrédité, du roman de mœurs et d’amour. De là une réaction définitive contre la préciosité de d’Urfé et de Mlle de Scudéry. De là, enfin, l’étude des sentiments vrais et naturels, leur expression en un style correct mais simple ; et, comme l’a dit un célèbre écrivain, « la peinture et l’analyse des sentiments tendres, leur naissance, leur progrès, leur charme suprême, les luttes touchantes, et les vertueux sacrifices. » Il resta pourtant encore quelque teinture de l’Astrée au Luxembourg. Segrais étoit l’homme des bergeries. Mme de Brégy a fait le Portrait du roi, qu’elle nomme Tircis ; il cache son sceptre sous la houlette, et il paît son troupeau sur les bords du Lignon ; c’est là qu’une maladie redoutable (1658) l’atteint, et menace de ravir ce berger, l’honneur de nos hameaux. Mais le courant général de la société de Mademoiselle emporte les esprits vers une littérature plus sérieuse, et sinon plus délicate, du moins de meilleur goût, et plus durable. Mademoiselle en donna l’exemple dans la rédaction de ses Mémoires, commencée dès 1652, et dans des opuscules d’imagination que Mme de la Fayette n’auroit pas désavoués. L’influence des lettres sur la société avoit en 1658 un autre caractère qu’au temps où brilloit le salon de Rambouillet. Les dix années écoulées depuis la Fronde jusqu’au gouvernement personnel de Louis XIV compteront parmi les plus remarquables dans l’his-