avec amitié. Lenclos... n’y étoit pas si réservée, avec ses amis intimes ; et quand il lui est arrivé de s’intéresser fortement pour quelqu’un, ou pour quelque chose, ce qu’elle savoit rendre rare et bien ménager, elle en écrivoit à Mme de Maintenon, qui la servoit efficacement et avec promptitude. Mais, depuis sa grandeur, elles ne se sont vues que deux ou trois fois, et bien en secret. » Ce que raconte Saint-Simon a le cachet de la vérité. Je n’en dirois pas autant du récit de Voltaire.
« Je ne dois pas oublier, dit-il, que Mme de Maintenon, étant devenue toute-puissante, se ressouvint d’elle, et lui fit dire que, si elle vouloit être dévote, elle auroit soin de sa fortune (proposition invraisemblable, et en opposition avec le caractère connu des personnes). Mlle de Lenclos répondit qu’elle n’avoit besoin ni de fortune, ni de masque (impertinence dont Ninon étoit incapable). Elle resta chez elle, paisible avec ses amis, jouissant de 7 à 8000 livres de rente, qui en valent 14000 d’aujourd’huy.... Plus heureuse que son ancienne amie, elle ne se plaignit jamais de son état, et Mme de Maintenon se plaignit quelquefois du sien. »
Le sort de ces deux femmes, de tant d’esprit, a été, en effet, bien différent. Dans son opulence, l’une n’a eu que l’ennui à régler ; dans sa médiocrité, l’autre a réglé le bonheur. Chez celle-ci, on a pu blâmer l’erreur et la faute ; mais on a distingué des qualités qui les font absoudre, et qui ont arraché, non-seulement l’indulgence, mais encore l’estime d’un grand siècle : personne n’auroit voulu, probablement, être l’époux de Mlle de Lenclos ; mais