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un certain crédit, dont Tallemant et Voltaire ont été les échos. Mais on ne peut sérieusement y adhérer.

Mme Scarron s’étoit réfugiée, d’abord après la mort de son époux, aux Ursulines de la rue Saint-Jacques ; puis elle revint au Marais, son séjour préféré, et prit asile chez les religieuses de la Charité, qui avoisinoient la place Royale et la rue des Tournelles. Elle y subit l’humiliation de générosités faites avec éclat, et qu’elle finit par repousser. Mais elle accepta l’hospitalité que Ninon lui offrit28 ; les deux amies partagèrent pendant quelque temps le même lit. Une autre femme du monde, Mme de Franquetot, qu’on surnomment Boncœur, offrit aussi à Mme Scarron un refuge que, par discrétion, elle n’accepta pas29. Elle fut longtemps errante à cette époque. On la voit au faubourg Saint-Marceau, dans un autre couvent ; puis dans son ancienne maison de la rue Saint-Louis ; enfin, à la persuasion de Ninon, elle prit un petit logement, rue des Tournelles, qu’elle a occupé probablement encore, lorsqu’elle fut marquise de Maintenon, et où Mme de Sévigné est venue la visiter plus d’une fois.

Ce fut au milieu de ces vicissitudes (1666) que l’on voulut remarier la veuve de Scarron, dans la bonne pensée d’assurer son avenir. La société pa-


28 . Ce fait a été nié par la Beaumelle ; mais M. Walckenaer l’a très-bien rétabli. Voltaire l’avoit accueilli, comme tout naturel, mais en changeant sa date.

29. Voy. Tallemant, VII, p. 40 et 47, édit. citée de M. P. Paris, qui, ne s’étant pas souvenu du surnom de Boncœur, a été embarrassé de ce mot, dans le texte de Tallemant. Voy. Saint-Évremond, Retraite de M. le duc de Longueville, pag. 16 de notre IIe volume.