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ce genre. Elle pourroit être présumée, au dix-huitième siècle, elle ne sauroit l’être au dix-septième. Marion ne s’y seroit pas prêtée ; elle ne peut pas être attribuée à la femme la plus avisée, la plus prudente, la plus calculée, qui fut jamais. Si elle a été foible pour Villarceaux, c’est, à coup sûr, sous triple clef. Cette peinture est donc l’œuvre du délire, ou celle d’un faussaire. Pour le délire, la Beaumelle qui ne mérite pas le mépris dont on l’accable, car, s’il corrige les lettres de Mme de Maintenon, il ne les invente pas ; la Beaumelle a raconté la folie coupable de Villarceaux. Mais il ajoute deux choses: lº que cette folie fit du bruit, que Mme Scarron s’en plaignit, qu’elle témoigna son ressentiment à Villarceaux, et ne lui rendit son amitié qu’en 1685, après que M. de Montchevreuil eut retiré ce tableau de ses mains. 2º La Beaumelle insinue qu’une copie a pu être retenue par Villarceaux ; mais il ajoute, d’après un témoin oculaire, qu’en 1755 cette figure avoit été habillée et gâtée, de telle sorte qu’on ne reconnoissoit pas plus Mme de Maintenon, dans ce tableau corrigé, qu’on ne reconnoissoit Mme Scarron dans l’original. Enfin la description, que donne la Beaumelle de la peinture en question, ne s’accorde pas du tout avec celle qui a été montrée à un curieux spirituel du dix-neuvième siècle, lequel en a fait son rapport au public. Il pourroit donc bien y avoir par-dessus le fou du dix-septième siècle, et le badigeonneur de 1755, un troisième insensé, celui-ci vrai faussaire, auteur de la peinture dont M. Feuillet a rendu compte, et dont le dessin est tout différent de la peinture dont parle la Beaumelle.