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comtesse de Fiesque ; Mme de Martel, parente aimable et spirituelle de Saint-Évremond ; Chapelle, Sarrazin, M. D’Elbène, Mme de Scudéry, le poëte Maynard, Fourreau le financier, le comte du Lude, Miossens, le duc de Tresmes, Mignard, Tambonneau, Marigny le spirituel frondeur, le coadjuteur de Retz, le marquis de Termes, Saint-Évremond, étoient, avec Mlle de Lenclos, le capital du salon de Scarron. Lorsque Mlle d’Aubigné y fut conduite, elle avoit une robe si courte, qu’elle en rougissoit. Mais, avec ses quinze ans, elle étoit déjà parfaitement belle ; et bientôt, rassurée par l’accueil qu’elle reçut, elle fut l’objet de toutes les galanteries. Méré avoit célébré son esprit ; il auroit voulu former son cœur. Françoise d’Aubigné parut plus sensible aux sentiments de Villarceaux, dont, pour son coup d’essai, elle faillit enlever le cœur à Mlle de Lenclos. Celle-ci avoit trop d’usage pour s’en fâcher, et trop quitté de gens pour être étonnée qu’on la quittât. D’ailleurs, comme à un bon choix succédoit toujours pour elle un choix meilleur, elle n’en prit que plus d’amitié pour Mlle d’Aubigné, dont le rusé Villarceaux n’obtint pas ce qu’il vouloit, du moins à ce moment.

Ce n’étoit point un amant que cherchoit la prudente d’Aubigné ; c’étoit un établissement. Dénuée de tout, hors d’esprit et de sagesse, elle courut au plus pressé, qui étoit d’assurer son existence ; et, faute de mieux, elle accepta la main que lui offrit Scarron. Mme de Pons prêta des habits à Françoise d’Aubigné pour célébrer ses noces. J’abrège les détails de cette affaire qui sont connus de tout le monde ; ils honorent Scarron autant que Françoise d’Aubigné. Ninon de Lenclos, confidente du para-