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patible, en apparence, avec ses penchants, mais à laquelle, cependant, il appliqua sérieusement son attention, pendant un an : l’estimant déjà comme la plus digne d’un homme qui veut ou doit prendre une part active à la direction des affaires de son pays. Il s’en expliquoit encore en ces termes, quarante ans après, dans une épitre célèbre adressée au maréchal de Créqui.

Bientôt après, cédant à un entraînement irrésistible, Saint-Évremond embrassa la carrière des armes, pour laquelle il avoit plus d’inclination (1629). La Rochelle venoit de se rendre, et Richelieu, après avoir réduit à l’obéissance la rébellion des réformés, tournoit ses regards vers un autre et grand objet de sa politique, l’abaissement de la maison d’Autriche. Il préparoit une expédition, que Louis XIII devoit commander en personne, pour relever en Italie le crédit de la France, atteint dans sa considération. En haine du nom françois et du patronage de la France, Charles, duc de Nevers, étoit repoussé de la principauté de Monferrat et du duché de Mantoue, dont il étoit l’héritier légitime, par la coalition de l’Espagne, qui soutenoit d’autres prétendants à l’héritage, et de l’Autriche qui prétendoit occuper à titre de séquestre, les États en litige, jusqu’à la fin du débat. Une armée de 40 000 François alloit passer les monts, destinée à soutenir le duc de Nevers ; et au nombre des généraux qui la commandoient, sous le roi, se trouvoit le maréchal de Bassompierre, beau-frère du comte de Tillières, et proche allié de Saint-Évremond. La réputation du maréchal, son esprit, et l’occasion de se distinguer avec éclat, sous les yeux du prince lui-