autre aimable épicurien, Charleval, écrivoit à un ami :
Je ne suis plus oiseau des champs,
Mais de ces oiseaux des Tournelles,
Qui parient d’amour en tout temps,
Et qui plaignent les tourterelles
De ne se baiser qu’au printemps.
C’est à partir de son établissement à la rue des Tournelles, que la société de Ninon a pris une importance et une assiette qu’elle n’avoit pas auparavant. La belle épicurienne y trônoit,
Avec cet art, cette délicatesse
Qui rend la moins fière beauté,
Respectable dans sa foiblesse ;
ajoutons, et avec l’autorité d’esprit, et l’imposante supériorité de manières, dont Saint-Simon a rendu témoignage. En même temps que ses anciens amis, restés fidèles, elle recevoit là le comte de Guiche, le Gabinius de Somaize, si célèbre par d’augustes et touchantes affections ; le galant comte de Choiseul, excellent officier, plus tard Maréchal : fort épris d’elle, mais toujours rebuté, et auquel, après avoir ouï l’énumération de tous ses titres à la faveur, elle répondoit, en souriant, par ce vers de Corneille :
Seigneur, que de vertus vous me faites haïr !
On y voyoit le célèbre Dangeau qui lui étoit fort dévoué, et qui fit souvent des vers en son honneur ; le bon Gourville, qui, au retour d’un long exil, retrouva l’amie constante, la dépositaire fidèle, dans l’amante un peu légère ; le jeune marquis de