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qu’ils eurent triomphé de l’opposition de l’Université soulevée à l’occasion de ce legs fameux, ils achetèrent rue St-Jacques, en face de la rue des Poirées, un hôtel, ou local, appelé la Cour de Langres, où ils firent approprier un collége, que, du nom de leur protecteur, ils appelèrent Collége de Clermont1. Les vicissitudes de cet établissement furent diverses, comme celles que subit la Société de Jésus elle-même, dans ces temps difficiles. Mais, à partir de 1603, où les jésuites furent rappelés, après un bannissement de neuf années, le Collége de Clermont prit un rapide essor, et s’éleva au plus haut degré de faveur, dans l’opinion. Les enfants de la haute noblesse et de la riche bourgeoisie, furent confiés à ce collége, pour leur éducation. Précurseur de Voltaire, Saint-Évremond fut, comme Voltaire, élevé aux Jésuites.

Entré en cinquième au Collége de Clermont, Saint-Évremond y parvint, en quatre années, aux classes supérieures d’humanités, et fit sa rhétorique sous le père Canaye : personnage qu’il a rendu célèbre, et dont il avoit gardé un souvenir qui s’est retrouvé sous sa plume piquante, dans la Conversation du maréchal d’Hocquincourt2. M. de Saint-Denis, homme éclairé, n’ayant pas voulu que l’éducation tout entière de son fils fût dirigée par les jésuites, lui fit étudier la philosophie, à l’université


1. Cet ancien bâtiment ne subsiste plus ; il fut démoli, en 1628, pour faire place à des constructions nouvelles, et plus considérables, qui, sous Louis XIV, reçurent le nom de Collége Louis-le-Grand. C’est le lycée impérial de ce nom, qui existe encore de nos jours.

2. Voy. pag. 38 de ce vol.