Charles de Marguetel de Saint-Denis, sieur de Saint-Évremond, naquit le 1er avril 16102, au château de Saint-Denis-le-Guast, le troisième des sept enfants du seigneur de Saint-Denis, commandant des gendarmes de Henri de Bourbon, dernier duc de Montpensier et gouverneur de Normandie. Son aïeul avoit accompagné Henri III, en Pologne. Saint-Évremond reçut le nom qu’il a rendu célèbre, d’une terre dépendante de la seigneurie paternelle, Saint-Évremond-sur-l’Osin ; et il montra de si heureuses dispositions dès son enfance, qu’on l’avoit surnommé l’esprit, dans sa famille.
Sans être opulent, son père jouissoit d’une fortune convenable à son rang ; et, à sa mort, la légitime des cadets fut réglée à dix mille livres, plus une pension de deux cents écus : ce qui, pour le
à lui fournis par l’abbé Fraguier, a commis plusieurs inexactitudes que j’ai relevées. Voy. aussi la préface de Silvestre, dans le t. I de l’édit. de 1753.
2. Des Maizeaux a fait naître Saint-Évremond en 1613 ; mais c’est une erreur reconnue par Silvestre, t. Ier de l’édit. de 1753, p. 276 ; et Saint-Évremond lui-même nous a donné son âge, dans une lettre à Ninon, dont la date précise est assurée par un événement historique, celui de l’arrivée du duc de Tallard, en Angleterre, comme ambassadeur extraordinaire de Louis XIV, après la paix de Riswyck. Le duc est arrivé, en 1698, en même temps que le duc de Portland, ambassadeur du roi Guillaume, arrivoit à Versailles. Voy. M. de Flassan, Hist. de la diplomatie, t. IV, p. 178-180. Or, à cette époque, Saint-Évremond a écrit à Ninon, qu’il avoit 88 ans : assertion qui recule l’année de sa naissance à 1610. Voy. cette lettre, t. III, de notre édition, no 112 de la Correspondance ; le porteur en fut l’abbé Dubois, plus tard cardinal, alors secrétaire d’ambassade du duc de Tallard, et l’un des jeunes habitués du salon de Ninon, laquelle avoit alors, elle-même, 78 ans.