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qu’il tira d’un mauvais pas ; de M. de Thou, du marquis de Saint-Luc, et, pour tout dire, de M. le prince, de M. de Turenne, qui l’honora de sa confiance durant quarante ans, et de Mazarin, qui en tira de bons services, pendant la fronde ; personnage mêlé à toutes les affaires de son temps, sérieuses ou gaillardes ; avec de l’esprit, de la sagesse, de la conduite et du manège. Tantôt espiègle comme Roquelaure, témoin l’inénarrable spectacle qu’à la place Royale…, mais n’allons pas suivre l’exemple de Tallemant : c’étoit le temps de la bonne régence ; et tantôt le plus sûr, le plus grave des hommes, en tout temps d’une indéfectible honnêteté, qui refusoit à Souscarrière de le patroner en Angleterre : ami dévoué, fidèle, invariable, jusques dans les disgrâces éclatantes : à preuve Cinq-Mars, Mme de Chevreuse et Saint-Évremond ; toujours prudent, droit et irréprochable, dans sa ligne politique. Il étoit de ce qu’on appeloit les esprits forts du Marais, sans être déclaré, comme ceux qui figurent dans la conversation du maréchal de Hocquincourt : sa qualité de député général des églises réformées, lui imposant la circonspection ; élégant comme Candale et Grammont, donnant, comme eux, le ton aux merveilleux, et faisant respecter, au besoin, ses fantaisies avec son épée. Ami des gens de palais, comme des gens de finance et des gens de cour ; aussi bien reçu chez les Jambonneau, où l’on faisoit très-bonne chère, avec des airs restés bourgeois, que chez le comte de Soissons, dont il étoit le partenaire, dans ses joyeusetés. Enfin l’un des hommes les plus aimables, les plus gais, les plus importants, et les plus honorables de son temps.