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femme qui fut plus tard la maréchale de Thémines, et qui l’enterra au bout de cinq semaines. Ce vieillard opulent, mourant sans enfants, institua comme héritiers des neveux légitimes de son nom ; mais le grand Sully prit soin du neveu naturel, se l’attacha comme gentilhomme, le maria dans sa maison, le fit gouverneur de la Bastille, et facilita sa fortune. De ce Ruvigny, élevé par Sully, naquirent trois enfants : l’un qui fut page de Louis XIII, et mourut jeune, sans postérité ; une fille fort connue en France, sous le nom de Mme de la Maisonfort, épouse en secondes noces du duc de Southampton, et qui a fait grande figure en Angleterre ; enfin un troisième, Henri de Ruvigny, qui fut l’ami de Saint-Évremond, qui épousa, en premières noces, une sœur de Tallemant, et, en secondes noces, une sœur du duc de Southampton, déjà son beau-frère.

Comment Henri de Ruvigny se trouva-t-il du parti protestant, dans les guerres civiles, sous Richelieu ? Étoit-il huguenot de naissance ? L’abbaye de son aïeul ne l’auroit pas empêché, car à cette époque ceux de la religion tenoient encore des bénéfices, par tolérance. Étoit-il passé, lui ou son père, au parti protestant ? Je l’ignore. Tant il y a que Henri de Ruvigny fit ses premières armes au siége de la Rochelle, sous le duc de Rohan, qu’il suivit dans l’exil, à Venise, après la prise de la ville rebelle. Voilà comment Ruvigny est entré dans l’intimité de la maison de Rohan, où il devint successivement le lieutenant préféré du duc, dans la guerre de la Valteline, et son compagnon d’armes à Rheinfeld ; l’ami plus particulier de la duchesse qui le maria, et le fit nommer député général des