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lontiers à ses principes de 1647. « Vivons, dit-il, en finissant, pour peu de gens qui vivent pour nous ; cherchons la commodité du commerce avec tout le monde, et le bien de nos affaires avec ceux qui peuvent nous y servir. »

Une sérénité plus douce, un sentiment plus élevé, un esprit moins morose, se remarque dans la Conversation du duc de Candale, composition délicate, qui est un traité véritable et pur de l’amitié, en même temps qu’une histoire touchante des affections de Saint-Évremond lui-même. Il ébaucha cet ouvrage, l’année même où furent imprimées à Paris, chez Barbin, les Maximes de la Rochefoucauld, et il y mit la dernière main en 1668. C’est, de plus, un morceau précieux pour l’histoire du dix-septième siècle. Le caractère noble, mais affectueux et bienveillant de Saint-Évremond, s’y montre dans tout son jour. La scène se passe au mois de février 1650, après l’arrestation des princes, époque où, comme nous l’avons déjà dit, Saint-Évremond et le duc de Candale firent cortège à la cour, dans son voyage de Normandie, pour en chasser Mme de Longueville qui s’y étoit retirée, et où elle avoit un fort parti. Saint-Évremond eut alors l’occasion de s’avancer dans la confiance et dans l’amitié de ce grand seigneur, l’un des plus brillants et des plus aimés de l’époque, enlevé, en 1658, par une mort prématurée, et laissant après lui des regrets mémorables, dans le cœur de plusieurs belles du siècle.

Après un coup d’œil rapide jeté sur les événements de cette année 1650, Saint-Évremond passe en revue les principales intrigues qui occupoient alors la société parisienne, et les personnages en