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bon sens et au goût étoit de régler ce mouvement, et d’en polir le ressort. La critique y a mis son honneur, au théâtre, ainsi qu’au roman. Ce fut l’effort constant de Saint-Évremond. Le mot lui-même de roman fut pris avec la signification nouvelle d’une histoire d’amour. Les histoires touchantes abondèrent en ce temps-là : celle de Mme de Bayeux, celle de Mme Henriette ; les amours de la duchesse de Roquelaure et de M. de Vardes, de Maucroix et d’une belle peu connue, de M. de Givry, de M. D’Humières, etc. Un grand nombre de femmes s’adonnèrent, et ce fut une nouveauté, à la composition romanesque: la plupart oubliées, mais plusieurs dignes de ne pas l’être, et distinguées par l’esprit et le sentiment7 ; elles y obtinrent même plus de succès que les hommes. On a critiqué les jalousies qui abondent dans les romans de Mme de Lafayette. Elle les trouvoit dans ses modèles. Les jalousies de Mme de Maure ont eu de la célébrité. La Rochefoucauld n’aimoit plus, quand il a condamné la jalousie.

La faveur accordée aux amours de Louis XIV s’évanouit, lorsque leur caractère fut changé. Mme de Montespan, malgré tout son esprit8, ruina la première impression, qui s’est tournée en aversion,


7. Voy. l’Histoire des femmes célèbres dans la littérature françoise (par l’abbé Delaporte), Paris, 1771, 5 vol. in-8, livre médiocre, mais qui contient d’utiles et curieuses indications.

8. Voy., dans les mémoires du temps, cet impromptu étincelant d’esprit et de hardiesse :

Soyez boiteuse, ayez quinze ans,
Point de gorge, fort peu de sens, etc.