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les bas, tout n’étoit pas de bon goût. Tallemant nous le montre. Mais les héros ne dédaignoient pas d’y descendre, quelquefois ; témoin M. de Turenne, et sa grisette de la rue des Petits-Champs, qui lui étoit commode, quand il habitoit son hôtel de la rue Saint-Louis, au Marais.

Les saintes elles-mêmes avoient allures d’héroïnes. Mme de Miramion fit rendre les armes à Bussy. La comtesse de Dalet est pieusement héroïque. Jacqueline Pascal se pose en Athanase. Les charités de Marie Martinozzi étoient de la primitive Église. En aucun siècle, la femme ne s’est élevée plus haut, comme femme, comme esprit, comme caractère. Louis XIV, qui a ramené le respect de l’ordre et proclamé le goût du beau ; qui a donné l’exemple de la galanterie, par sa politesse envers toutes les femmes ; Louis XIV les a pourtant abaissées en les transformant en simples houris, et Mme de Maintenon ne les a pas relevées en leur imposant l’hypocrisie. La réaction nous a valu les dames de la régence, perdues par la dépravation des hommes de leur temps, plutôt que par leurs propres vices. Je n’en excepte pas Mme de Tencin a qui le caractère a manqué plutôt que le cœur, car pour l’esprit, elle en eut à ravir.

Des femmes irréprochables étoient donc, bien souvent, d’un parfait romanesque. Il n’y a qu’à lire la Vie de huit vénérables veuves qui a été récemment livrée au public. Leur piété avoit la tendresse des femmes de Racine, la véhémence des héroïnes de Corneille, l’exaltation de Thérèse d’Avila. Les Jansénistes en subirent l’influence manifeste. Pour les âmes de cette trempe, Arnaud d’Andilly traduisit sainte