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Tous les attachements n’étoient pas, du reste, aussi bruyants, ou si l’on veut, aussi naïfs, dans leur publicité. Celui d’Anne d’Autriche pour son ministre n’auroit été que soupçonné, sans le cynisme des mazarinades. Il mérita d’être respecté par sa constance, sa réserve et sa sincérité. On a longtemps douté, à ce sujet : le doute n’est plus permis, après une lettre autographe que M. Walckenaer, si courtois, a eu l’érudite cruauté de publier. Elle étoit perdue dans je ne sais quel fonds de papiers où la postérité n’auroit pas dû fouiller ; et M. Walckenaer, à son tour, l’avoit glissée dans une feuille de supplément où l’on pouvoit espérer que personne ne viendroit la chercher. Mais un autre indiscret inexorable, M. Chéruel, vient de la reproduire dans son savant volume sur Saint-Simon. Je lui en laisse la responsabilité, et ne veux pas m’y compromettre. J’ai vu d’autres lettres, mais j’en garderai le secret à Anne d’Autriche. C’était le temps de la bonne régence, etc.

Aucun temps, peut-être, n’a été plus fécond en attachements que le dix-septième siècle, et il est bien rare que, sur les deux qui s’y engagent, il n’y en ait pas un qui s’honore. Il n’ étoit même pas de mauvais goût, dans la haute société, de rendre des services d’amour. Le chevalier de Grammont en est témoin. Chabot fut favorisé par le grand Condé, qui ne refusa pas une certaine assistance à Bussy, dans l’enlèvement de Mme de Miramion. L’enlèvement étoit une manière d’amour ou de mariage fort pratiquée, à cette époque ; et, en considération de l’habitude, il y auroit des circonstances atténuantes pour Bussy, n’étoit la spéculation qui le