d’en avoir pris l’initiative, dans l’Europe moderne.
Il étoit difficile de régler ces nouveautés. On a commencé par des sottises, avant d’arriver à la sagesse. La dissolution de la cour des Valois s’est changée, au dix-septième siècle, en galanterie régulière. Le pouvoir constituant de ce nouveau régime a été l’usage du monde. En dehors des maximes rigoureuses du droit civil, et de la morale religieuse, une pratique sage s’est introduite, laquelle, adoucissant les relations, et assujétissant les mœurs à la bienséance, les a épurées en les polissant. Pour être admis, estimé, bienvenu dans le monde, il a fallu parler un langage, professer des sentiments et vivre selon des habitudes dont le monde étoit le régulateur. La politesse arrêtait désormais le désir aux limites de la bienséance ; de telle sorte que si, en apparence, les manières étoient libres et dégagées, en réalité la conduite demeuroit discrète et réglée, et que le dernier mot restait au bon goût, au bon ordre et à l’honnêteté. Voilà ce qu’a fait l’usage du monde, par une série de progrès, dont l’histoire est celle de la société polie ; l’homme mal élevé a été, depuis lors, le plus insupportable des hommes. Saint Évremond a pu même réduire sa morale à être bien élevé, car la bonne éducation comprenoit tout.
La perfection de l’art du monde a donc assuré la liberté des femmes, en la modérant par les convenances, la délicatesse et l’esprit, à l’exclusion de l’impertinence et de la grossièreté. Le commerce du monde a ainsi étendu son empire et son charme jusqu’à la dernière limite du possible : la confiance