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CHAPITRE IX.
L’amour et l’amitié, au dix-septième siècle.

La philosophie du dix-septième siècle ne s’est point bornée à la spéculation métaphysique ; elle s’est aussi préoccupée de l’analyse des affections de l’âme ; et ce qui nous en est parvenu est d’une originalité piquante autant que variée. Voyez cette étude des passions où s’est exercé Descartes, bien qu’il y soit demeuré au-dessous de son génie ; l’observation des caractères, où la Bruyère a effacé tous ses prédécesseurs ; ces beaux traités de morale de MM. de Port-Royal, et ces discours éloquents, éternel honneur de la chaire chrétienne ! Sans quitter la sphère des choses mondaines, nous jeterons un coup d’œil rapide sur les idées dominantes de cette époque, touchant ces grandes facultés affectueuses, l’amour et l’amitié. En cultivant cette partie de la philosophie morale, Saint-Évremond a fait preuve d’une remarquable délicatesse.

La galanterie est un sentiment moderne dont je ne rechercherai point ici l’origine et le développement. Après les siècles de la chevalerie, elle étoit restée, mais altérée, dans les mœurs de la société féodale, dont elle a fait un des agréments principaux. Diverses causes la ravivèrent, en France, au seizième siècle, parmi lesquelles il faut compter les relations avec l’Espagne et l’Italie. Cependant, la Renais-