Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le duc de Candale a terminées, le 24 juillet 1653, par le traité de soumission de la ville de Bordeaux14. La Gazette de ce temps inséroit les notes toutes faites qu’on lui adressoit de l’armée, mais Saint-Évremond avoit trop de paresse pour se donner un tel souci. Nous pouvons seulement être assurés qu’il augmenta, par sa fidélité au Roi, dans cette occasion, les ressentiments particuliers que Condé conservoit contre lui.

Nous savons encore que le gouvernement de Bergerac lui étoit destiné, si cette ville eût été prise. Silvestre, bien informé, ajoute15 ce fait intéressant : « Qu’on payoit alors peu régulièrement les troupes ; qu’on donnoit simplement aux officiers des assignations sur les villes et sur les communautés, et que chacun en tiroit ce qu’il pouvoit. Habile à profiter des conjonctures, et soutenu par M. Fouquet, de qui il étoit particulièrement connu, M. de Saint-Évremond ne fit pas mal ses affaires dans la Guienne. Il avouoit lui-même, et il en plaisantoit souvent, qu’en deux ans et demi il en avoit rapporté cinquante mille francs, tous frais faits : précaution, ajoutoit-il, qui m’a été d’un grand secours tout le reste de ma vie. » Telle étoit alors, en effet, la manière de faire la guerre. Il n’y avoit point d’intendance militaire : c’est une création postérieure de Louvois. Aucun officier général n’agissoit autrement que Saint-Évremond. Ce fut donc dans cette guerre de Guiemne qu’il s’assura une petite for-



14. Voy. les Mémoires de Cosnac, publiés récemment par la Société de l’Hist. de France, en 2 vol. in-8º.

15. Voy. t. I, p. 263, du Saint-Évremond de 1753.